
Dans le cadre de la saison Grande Armée, le n° 267 de la Revue historique des armées consacré à l'année 1812 vient de paraître.
Dans le cadre de la saison Grande Armée, la Revue historique des armées consacre son n° 267 à l'année 1812.
DOSSIER « 1812 »
Du Niémen à l'Elbe : la manœuvre retardatrice de la Grande Armée
Jean-François Brun
Trop fréquemment, l'évocation de la retraite de Russie s'achève sur le franchissement tactique de la Bérézina, qui permet à la Grande Armée d'échapper à la tenaille russe. Mais les survivants ne s'égaillent pas dans la nature pour joindre, dans la deuxième quinzaine d'avril 1813, les régiments nouvellement levés qui entament la contre-offensive contre les coalisés à partir de l'Elbe. En réalité, une manœuvre retardatrice est menée du Niémen à l'Elbe, de décembre 1812 à avril 1813. Ce mouvement rétrograde continu constitue le « chaînon manquant » qui permet de lier la campagne de Russie aux campagnes de Saxe et de France, faisant ainsi un tout des guerres menées par l'Empire français contre un nombre toujours plus important d'adversaires européens, de juin 1812 à avril 1814.
1812, fin d'une époque de la conscription
Annie Crépin
Dans l'histoire de la conscription de l'époque consulaire et impériale, 1812 confirme les tendances apparues à partir de la fin de 1806 et en 1807 : les révoltes ouvertes contre la conscription s'atténuent, l'insoumission diminue, l'institution paraît mieux acceptée. Le « système conscriptionnel » est entré dans une phase d'équilibre. Mais cet équilibre demeure précaire, bien des signes l'attestent encore en 1812, et la soumission des populations est due davantage au perfectionnement répressif de la « machine conscriptionnelle » qu'à une adhésion envers l'institution, du moins dans les zones rétives envers celle-ci. Mais le régime se fie au bon fonctionnement apparent du système et Napoléon en 1812, au lieu de s'en tenir à une attitude prudente et à des exigences mesurées, revient à la pratique des détournements de la loi Jourdan, qui lui permettent de « puiser à volonté » dans le vivier d'hommes que lui offre la conscription. Ces dérives contribuent à l'usure du système que révèlera le second semestre de 1813 au cours duquel volera en éclats le très fragile consensus qui était né sept ans auparavant.
Rien de bien certain ? Le service de renseignements français avant la campagne de Russie
Andrzej Nieuwazny
À l'automne 1810, sous l'impulsion du ministre russe de la Guerre, le général Barclay de Tolly, des attachés militaires furent mis en place, sous couverture diplomatique, dans les ambassades de Munich, de Dresde et de Madrid, afin d'obtenir des renseignements. Les officiers déjà présents à Vienne, Berlin, et Paris reçurent de nouvelles instructions. Les Russes, efficaces, obtinrent de bons résultats tandis que l'étude des archives démontre la peine des Français pour connaître les agissements russes et ce jusqu'à la veille de la guerre. Outre les informations militaires, ces derniers manquaient de mémoires géographiques, de statistiques fiables et de cartes précises sur le futur théâtre des opérations.
Les prisonniers oubliés de la campagne de Russie
Gendarme Régis Baty
Le 24 juin 1812 et dans les jours qui suivirent, une armée de plus de 500 000 hommes traversait le Niémen dans le but de contraindre la Russie tsariste à se plier à l'ordre que Napoléon Ier voulait imposer au reste de l´Europe. Cinq mois et quelques jours plus tard, par des températures extrêmes, les restes de cette Grande Armée parvenaient non sans peine à s'extraire des rives orientales de la Bérézina. Dans les semaines qui suivirent, une partie des survivants de cette bataille, qui permit l´armée française d´échapper à un encerclement qui lui eût été fatal, devait encore mourir de froid, d´épuisement et de maladie. Combien parmi ceux qui ne regagnèrent pas les rives occidentales du Niémen furent-ils capturés par les Russes ? Quel sort connurent-ils dans la Russie d'Alexandre Ier ? Et quelles traces ont-ils laissées dans les archives et la mémoire collective ?
La campagne de Russie dans les collections du musée de l'Armée
Lieutenant Yves-Marie Rocher
La représentation de la campagne de 1812 dans les salles actuelles du musée de l'Armée est le fruit d'une longue histoire. Depuis sa création en 1905, l'institution a en effet beaucoup remanié ses collections au cours des acquisitions qu'elle a pu faire ou du contexte politique. Passant, à l'image de l'ensemble des campagnes de la Révolution et de l'Empire, d'un statut d'icône de l'histoire militaire française avant la Première Guerre Mondiale, à un objet d'étude pour les amateurs de l'épopée napoléonienne, l'exposition des pièces de la campagne de Russie suit les évolutions du musée. Elle revêt cependant un caractère tout à fait particulier de par l'influence qu'ont sur elle les relations entre la France et la Russie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais aussi par la gageure que représente l'évocation d'un événement si important de l'histoire du Premier Empire avec le peu d'objets parvenus jusqu'à nous. Face à ces contraintes, les conservateurs du musée vont chercher à apporter des solutions afin de transcrire au mieux la réalité des soldats de l'armée des vingt nations.
Les fanions du 2e régiment d'infanterie de ligne en 1812
Dimitri Gorchkoff
Depuis quelques années, la recherche sur l'uniformologie du Premier Empire en Europe est entrée dans une nouvelle dynamique. Bien que les légendes du XIXe siècle dans ce domaine soient toujours vivantes. Par exemple, la plupart des publications se rapportant au 2e régiment d'infanterie de ligne sont consacrées aux enseignes de bataillon (habituellement appelés fanions), qui sont devenues des trophées de l'armée russe lors de la campagne de 1812. Quoique ce sujet ait été plusieurs fois traité dans l'historiographie mondiale, de nouvelles sources sont apparues permettant d'avoir une approche documentée. Nous pouvons ainsi remettre en cause l'approche « compilatoire », qui a été faite jusqu'à présent, et présenter de nouvelles analyses.
DOCUMENT
« Statistiques des gouvernements de Vilna et Grodno. Lithuanie »
Capitaine Michaël Bourlet, sous-lieutenant Jean-Marie Lucas
VARIATIONS
L’homme à l’épreuve du feu (1914-1918)
André Bach
De Gaulle et Toukhatchevski
Marina Arzakanian
SYMBOLIQUE ET TRADITIONS MILITAIRES
Armée de Terre, major Luc Binet
Marine, garde Sébastien Horner
Armée de l'Air, capitaine Éric Bénard
Gendarmerie nationale, capitaine François Cathala
LES FONDS DU SHD
Architectures du Levant
Mathilde Meyer-Pajou
Aperçu de la campagne de Russie à travers les mémoires inédits du général Joseph Puniet de Montfort
Michel Roucaud
PORTFOLIOS
La Section photographique et cinématographique de l’armée en Sibérie et en Russie du nord
1918-1919 ECPAD
La reconstruction de Moscou après l’incendie de 1812 SHD
Mise à jour : juin 2012